5.6. Technologies avancées de stockage

Bien que toutes les informations fournies dans ce chapitre n'aient fait référence jusqu'à présent qu'aux disques durs uniques reliés directement à un système, vous pouvez explorer d'autres options plus avancées. Les sections suivantes abordent certaines des approches les plus couramment utilisées pour élargir l'éventail des options disponibles en matière de stockage de masse.

5.6.1. Stockage accessible en réseau

En associant les technologies de réseau aux technologies de stockage, les administrateurs système peuvent disposer d'une plus grande flexibilité. Ce type de configuration offre deux avantages :

Le stockage peut être consolidé en déployant des serveurs haute performance dotés d'une connectivité réseau rapide et configurés avec de grandes quantités de stockage rapide. En disposant de la configuration appropriée, il est tout à fait possible de fournir un accès au stockage à des vitesses semblables à celles des stockages branchés localement. En outre, la nature même d'une telle configuration basée sur le partage, permet souvent de réduire les coûts ; en effet, les frais associés à la mise à disposition de stockage centralisé et partagé peuvent se révéler être inférieurs à ceux engendrés par la mise à disposition de stockage équivalent pour chacun des clients. De plus, l'espace libre est consolidé au lieu d'être réparti (et donc pas utilisable en tant qu'une seule entité) à travers de nombreux clients.

Des serveurs de stockage centralisé peuvent également simplifier de nombreuses tâches administratives. Par exemple, le contrôle de l'espace disque libre est une opération beaucoup plus simple lorsque le stockage devant être contrôlé se trouve sur un seul système. Les sauvegardes peuvent être considérablement simplifiées ; les sauvegardes prises en charge par un réseau sont possibles mais demandent, au niveau de la configuration et de la maintenance, plus de travail que la simple sauvegarde d'un"système unique" d'un serveur de stockage.

De nos jours, il existe une grande variété de technologies de stockage réseau et le choix d'une technologie particulière peut se révéler être une tâche relativement difficile. Presque tous les systèmes d'exploitation disponibles sur le marché à l'heure actuelle incluent des moyens d'accéder à un stockage réseau, mais il est important de noter ici que certaines technologies ne sont pas compatibles les unes avec les autres. Dans ce telles conditions, quelle est la meilleure manière de déterminer la bonne technologie à déployer ?

L'approche produisant généralement les meilleurs résultats consiste à laisser les fonctionnalités intégrées du client décider en la matière, et ce pour les raisons suivantes :

Gardez bien à l'esprit que tout problème associé à un client est multiplié par le nombre total de clients dans votre entreprise. En utilisant les fonctionnalités intégrées des clients, vous n'avez pas à installer de logiciels supplémentaires sur chaque client (n'entraînant donc aucune dépense pour l'obtention de logiciels). Qui plus est, la certitude d'avoir une bonne prise en charge et intégration avec le système d'exploitation client est largement supérieure.

Il y a cependant un inconvénient. En effet, une telle approche suppose que l'environnement du serveur soit en mesure de fournir une bonne prise en charge des technologies de stockage réseau dont les clients ont besoin. Dans les situations où le système d'exploitation serveur et le système d'exploitation client sont un seul et même système, il n'y a généralement aucun problème. Dans le cas contraire, il sera nécessaire de passer du temps à "convertir" le serveur au langage des clients. Ceci étant, cet aspect négatif est mineur par rapport aux avantages qui en découlent.

5.6.2. Stockage basé sur RAID

Une des compétences qu'un administrateur système devrait cultiver, est son habilité à examiner des configurations complexes de systèmes et à remarquer les différents inconvénients inhérents à chaque configuration. Bien que cette opinion soit, au premier abord, quelque peu déprimante, elle peut en fait représenter une excellente manière de voir au-delà de la belle image parfaite et de visualiser l'envers du décors avec un certain samedi soir dans le futur, où la production sera arrêtée à cause d'une panne qui aurait facilement pu être évitée avec un minimum de prévoyance.

Dans cet état d'esprit, et en utilisant les connaissances dont nous disposons au sujet du stockage sur disque, essayons de voir si nous pouvons déterminer les manières selon lesquelles les disques durs peuvent créer des problèmes. Prenons tout d'abord une panne complète de matériel :

Un disque dur contenant quatre partitions tombe complètement en panne ; qu'advient-il des données stockées sur ces partitions ?

D'une manière immédiate, elles ne sont plus disponibles (au moins jusqu'à ce que l'élément défaillant puisse être remplacé et que les données puissent être récupérées à partir d'une sauvegarde récente).

Un disque dur ne contenant qu'une seule partiton fonctionne à la limite de ses capacités en raison de charges d'Entrées/Sorties importantes : qu'advient-il des applications devant avoir accès aux données stockées sur cette partition ?

Les applications sont ralenties car le disque dur ne peut pas traiter plus rapidement les opérations de lecture et d'écriture.

Vous avez un grand fichier de données qui petit à petit grandit en taille ; il sera bientôt plus volumineux que le plus grand disque dur disponible sur votre système. Que se passera-t-il ?

Le disque dur se remplit au maximum, la taille du fichier de données est gelée et les applications qui l'utilisent arrêtent de tourner.

Un seul de ces problèmes suffirait à paralyser tout un centre de données, et pourtant, les administrateurs système sont confrontés à ce genre de problèmes de manière quotidienne. Que faire ?

Heureusement, une technologie permet de faire face à chacun de ces problèmes. RAID est le nom de cette dernière.

5.6.2.1. Concepts de base

RAID est l'acronyme de Redundant Array of Independent Disks[1]. Comme son nom l'indique, RAID est le moyen par lequel de multiples disques durs peuvent agir comme s'ils ne constituaient qu'un seul disque.

Les techniques RAID ont à l'origine été développées par les chercheurs de l'Université de Californie à Berkeley au milieu des années '80. À l'époque, il existait une différence de prix considérable entre les disques durs haute performance utilisés dans de grandes installations informatiques et les plus petits disques durs à vitesse inférieure employés dans l'industrie de l'informatique personnelle qui n'en était encore qu'à ses débuts. La matrice RAID était considérée comme un moyen d'utiliser plusieurs disques durs moins coûteux pour remplacer une unité au prix plus élevé.

Plus important encore, les matrices RAID pouvant être construites de diverses manières, elle peuvent afficher des caractéristiques différentes selon la configuration finale retenue. Examinons les différentes configurations (auxquelles ont fait référence sous le terme de niveaux RAID) disponibles de manière plus détaillée.

5.6.2.1.1. Niveaux RAID

À l'origine, les chercheurs de Berkeley avaient définis cinq niveaux RAID différents et les avaient numérotés de "1" à "5". Au cours des années, des niveaux supplémentaires ont été introduits par d'autres chercheurs et membres de l'industrie de stockage. Ceci dit, tous les niveaux de RAID n'étaient pas utiles au même titre ; certains n'avaient d'intérêt que pour la recherche, alors que d'autres ne pouvaient pas être implémentés pour des raisons économiques.

En fin de compte, seulement trois niveaux RAID ont fini par être largement utilisés :

  • Niveau 0

  • Niveau 1

  • Niveau 5

Les sections suivantes examinent chacun de ces niveaux de manière plus détaillée.

5.6.2.1.1.1. RAID 0

La configuration de disque connue sous le terme de RAID niveau 0 prête quelque peu à confusion dans le sens où ce niveau RAID est le seul n'utilisant absolument aucune redondance. Toutefois, même si RAID 0 n'offre pas grand chose d'un point de vue de la fiabilité, il offre d'autres avantages.

Une matrice RAID 0 est composé de deux disques durs ou plus. La capacité de stockage disponible sur chaque disque est découpée en morceaux qui correspondent à des copies de la taille d'origine (ou natives) des blocs des disques. Les données enregistrées sur la matrice doivent être inscrites morceau par morceau, sur chacun des disques la composant. Les morceaux peuvent être perçus comme des bandes présentes sur chaque disque de la matrice, d'où l'autre terme utilisé pour RAID O : striping (aussi appelé agrégat par bandes).

Par exemple, avec une matrice composée de deux disques et un morceau d'une taille de 4 Ko, l'écriture de 12 Ko de données sur cette matrice serait effectuée par répartition sur trois morceaux de 4 Ko chacun, sur les disques suivants :

  • Les 4 premiers Ko seraient écrits sur le premier disque dur, sur le premier morceau

  • Les 4 deuxièmes Ko seraient écrits sur le deuxième disque dur, sur le premier morceau

  • Les 4 derniers Ko seraient écrits sur le premier disque dur, sur le second morceau

Par rapport à un disque dur unique, RAID 0 offre les avantages suivants :

  • Taille globale supérieure — Il est possible de construire des matrices RAID 0 d'une taille supérieure à un disque dur unique, rendant le stockage de grands fichiers de données beaucoup plus facile

  • Meilleure performance des opérations de lecture/écriture — La charge des Entrées/Sorties sur une matrice RAID 0 est répartie de manière uniforme sur l'ensemble des disques composant la matrice (à condition que toutes les E/S ne soient pas concentrées sur un seul morceau)

  • Aucun espace perdu — Tout l'espace de stockage disponible sur l'ensemble des disques de la matrice est utilisable pour stocker des données

Par rapport à un disque dur unique, RAID 0 offre l'inconvénient suivant :

  • Fiabilité inférieure — Chacun des disques d'une matrice RAID 0 doit être opérationnel pour que la matrice soit utilisable ; la défaillance d'un seul disque d'une matrice RAID 0 composé de N disques entraînera la suppression d'1/Nème des données, rendant par là-même la matrice inutile.

TuyauAstuce
 

Si vous rencontrez des problèmes à maintenir l'uniformité des différents niveaux RAID, rappelez-vous que RAID 0 a zéro pour cent de redondance.

5.6.2.1.1.2. RAID 1

RAID 1 utilise deux disques durs identiques (bien que certaines implémentations en supportent plus). Toutes les données sont enregistrées sur chacun des deux disques, les rendant par là-même des copies identiques l'un de l'autre. C'est la raison pour laquelle on parle souvent de RAID 1 en tant qu'agencement de disques en mode miroir (ou mirroring).

Lors de toute opération d'écriture sur une matrice RAID 1, deux opérations d'écriture doivent physiquement avoir lieu : une sur le premier disque et une sur le second disque. La lecture de données en revanche, est une opération unique à partir de l'un ou l'autre des disques de la matrice.

Par rapport à un disque dur unique, RAID 1 offre les avantages suivants :

  • Redondance supérieure — Même en cas de défaillance d'un des disques de la matrice, il est toujours possible d'avoir accès aux donnés

  • Performance supérieure des opérations de lecture — Étant donné que les deux disques durs sont opérationnels, les opérations de lecture peuvent être réparties de manière uniforme entre eux, réduisant ainsi les charge d'E/S individuelles

Par rapport à un disque dur unique, RAID 1 offre certains inconvénients parmi lesquels figurent :

  • Taille maximale de la matrice limitée au plus grand disque dur disponible

  • Performance réduite des opérations d'écriture — Étant donné que chacun de deux disques durs doit toujours être à jour, toute opération d'écriture des E/S doit être effectuée par chacun des deux disques, une double opération qui ralentit le processus général des opérations d'écriture de données sur la matrice

  • Rentabilité inférieure — Étant donné qu'un disque entier est dédié à la redondance, le coût d'une matrice RAID 1 est deux fois plus élevé que celui d'un disque dur unique

TuyauAstuce
 

Si vous rencontrez des problèmes à maintenir l'uniformité des différents niveaux RAID, rappelez-vous que RAID 1 a un pour cent de redondance.

5.6.2.1.1.3. RAID 5

RAID 5 essaie d'associer les avantage de RAID 0 à ceux de RAID 1, tout en minimisant leurs inconvénients respectifs.

Tout comme RAID 0, une matrice RAID 5 est composée de multiples disques durs, chacun d'eux étant divisé en morceaux. Cette méthode permet à une matrice RAID 5 d'avoir une taille supérieure à tout disque dur unique. Tout comme une matrice RAID 1, RAID 5 utilise une partie de son espace disque de manière redondante, augmentant ainsi le degré de fiabilité.

Ci étant, le principe de fonctionnement de RAID 5 est différent aussi bien de RAID 0 que de RAID 1.

Une matrice RAID 4 doit être composée au minimum de trois disques durs de taille identique (un plus grand nombre de disques durs peut cependant être utilisé). Chaque disque est découpé en morceaux sur lesquels les données sont enregistrées dans l'ordre. Chaque morceau n'est toutefois pas dédié au stockage de données comme c'est le cas avec RAID 0. En effet, dans une matrice composée de n disques durs, toutnème morceau est dédié à la parité.

Les morceaux contenant la parité permettent la récupération de données en cas de défaillance d'un des disques durs de la matrice. La parité du morceau x est calculée mathématiquement selon une combinaison de chaque morceau x stocké sur tous les autres disques composant la matrice. Si les données d'un morceau sont mises à jour, la parité correspondante doit elle aussi être recalculée et mise à jour.

Selon cette méthode, chaque fois que des données sont enregistrées sur la matrice, au moins deux disques font l'objet d'opérations d'écriture : le disque stockant les données et le disque sur lequel figure le morceau contenant la parité.

Il est important de garder à l'esprit que les morceaux contenant les données de parité ne sont pas concentrés sur un seul disque de la matrice. Au contraire, ils sont répartis de manière uniforme sur tous les disques. Bien qu'il soit tout à fait possible de réserver un disque particulier au stockage exclusif des données de parité (en fait, on fait référence à ce type de configuration sous le terme de RAID 4), la mise à jour constante de ces dernières suite à l'enregistrement de données sur la matrice, pourrait transformer le disque stockant ces données de parité en un goulet d'étranglement pour la performance. La répartition des données de parité sur l'ensemble de la matrice permet quant à elle de limiter cet impact.

Il est toutefois important de se rappeler que la parité a un impact sur les capacités globales de stockage de la matrice. Bien que les données de parité soient réparties sur l'ensemble des disques de la matrice, la quantité de stockage disponible n'est pas égale à l'ensemble des disques, dans la mesure où la taille d'un disque est dédiée à la parité.

Par rapport à un disque dur unique, RAID 5 offre les avantages suivants :

  • Redondance accrue — — En cas de défaillance de l'un des disques de la matrice, les informations de parité peuvent être utilisées pour reconstruire les morceaux de données manquants, sans perturber l'utilisation de la matrice[2]

  • Performance accrue des opérations de lecture — En raison de la manière selon laquelle les données sont réparties entre les disques de la matrice (manière semblable à RAID 0), les opérations de lecture des E/S sont distribuées de manière uniforme entre les disques durs

  • Rentabilité relativement bonne — Pour une matrice RAID 5 composée de n disques, seul 1/nème du stockage global disponible est dédié à la redondance

Par rapport à un disque dur unique, RAID 5 offre l'inconvénient suivant :

  • Performance réduite des opérations d'écriture — Étant donné que chaque opération d'écriture effectuée sur la matrice implique au moins deux activités d'écriture sur les disques physiques (une opération d'écriture pour les données et une pour la parité), la performance en écriture est inférieure à celle d'un disque unique[3].

5.6.2.1.1.4. Combinaison de niveaux RAID

Suite à notre présentation des différents niveaux RAID, il devrait sembler évident que chaque niveau à des avantages et des inconvénients spécifiques. Peu après l'apparition du stockage basé sur des matrices RAID, un intérêt particulier s'est développé au niveau de la possibilité de combiner les différents niveaux RAID, afin de produire des matrices affichant tous les avantages et aucun des inconvénients des niveaux créés à l'origine.

Par exemple, que se passerait-il si les disques durs présents dans une matrice RAID 0 étaient en fait, eux-mêmes, des matrices RAID 1 ? Une telle situation offrirait les avantages de RAID 0 au niveau vitesse, alliés à la fiabilité de RAID 1.

Cette combinaison est exactement le genre de chose que les matrices RAID permettent de faire. Ci-dessous figurent les imbrications de niveaux RAID les plus courantes :

  • RAID 1+0

  • RAID 5+0

  • RAID 5+1

Étant donné que les imbrications de niveaux RAID sont utilisées dans des environnements spécialisés, nous ne nous étendrons pas sur le sujet de manière plus détaillée. Toutefois, en ce qui concerne l'imbrication de niveaux RAID, il est important de garder à l'esprit les deux points suivants :

  • Importance de l'ordre — L'ordre selon lequel les niveaux RAID sont combinés peut avoir un impact considérable sur la fiabilité. En d'autres termes, RAID 1+0 et RAID 0+1 ne correspondent pas à la même matrice.

  • Coûts potentiellement élevés — Toutes les implémentations de RAID imbriqués partagent le même inconvénient, à savoir le coût de l'imbrication ; par exemple, RAID 5+1, la plus petite matrice possible, est composée de six disques durs (et un nombre encore plus élevé de disques durs est nécessaire pour des matrices plus grandes).

Après avoir examiné les concepts soutendant RAID, passons à la manière d'implémenter la matrice.

5.6.2.1.2. Implémentations de RAID

Il est évident, d'après les sections précédentes, que RAID nécessite une "intelligence" supérieure à celle requise pour le traitement habituel des E/S de disque effectuées sur des disques individuels. Au strict minimum, les tâches suivantes doivent être effectuées :

  • Répartition des requêtes d'E/S entrantes sur les disques individuels de la matrice.

  • Calcul de la parité et enregistrement sur le disque approprié de la matrice, dans le cas de RAID 5

  • Contrôle des disques individuels de la matrice et prise de mesures appropriées en cas de défaillance d'un disque

  • Contrôle de la reconstruction d'un disque individuel de la matrice, lorsque ce disque a été remplacé ou réparé

  • Mise à disposition d'un moyen permettant aux administrateurs d'effectuer des opérations de maintenance de la matrice (retrait et ajout de disques, initialisation et arrêt de reconstructions, etc.)

Il est possible d'utiliser deux méthodes pour accomplir ces tâches. Les deux sections suivantes les décrivent en détail.

5.6.2.1.2.1. RAID matériel

Une implémentation de RAID matériel prend généralement la forme d'une carte contrôleur de disque spécialisée. La carte effectue toutes les fonctions associées au RAID et contrôle directement les disques individuels des matrices auxquelles elle est connectées. Avec le disque adéquat, les matrices gérées par une carte RAID matériel sont considérées par le système d'exploitation hôte exactement comme des disques durs normaux.

La plupart des cartes contrôleurs RAID fonctionnent avec des disques SCSI, bien qu'il existe également d'autres contrôleurs RAID basés sur ATA. Dans tous les cas, l'interface d'administration est généralement implémentée selon une des trois manières suivantes :

  • Des programmes utilitaires spécialisés qui exécutent des applications sous le système d'exploitation hôte, offrant une interface logicielle à la carte contrôleur

  • Une interface intégrée à une carte utilisant un port série auquel l'accès se fait via un émulateur de terminal

  • Une interface de type BIOS à laquelle l'accès n'est possible que lors du test de mise sous tension du système

Certains contrôleurs RAID ont plus d'une seule interface d'administration. Pour des raisons évidentes, une interface logicielle offre le plus haut degré de souplesse, dans la mesure où elle permet d'effectuer des tâches administratives alors même que le système d'exploitation est en cours d'exécution. Toutefois, si vous démarrez un système d'exploitation à partir d'un contrôleur RAID, il est essentiel de disposer d'une interface ne nécessitant pas qu'un système d'exploitation soit en cours d'exécution pour fonctionner correctement.

La gamme des différentes cartes contrôleurs RAID actuellement disponibles sur le marché est telle qu'il nous est impossible de toutes les examiner ici de manière détaillée. La meilleure manière de procéder pour obtenir de plus amples informations consiste à lire les brochures de documentation fournies par le fabricant.

5.6.2.1.2.2. RAID logiciel

Le RAID logiciel représente une matrice RAID implémentée en tant que logiciel au niveau du noyau ou du lecteur pour un système d'exploitation particulier. En tant que tel, il offre plus de souplesse en terme de prise en charge du matériel — dès lors que le matériel est pris en charge par le système d'exploitation, il est possible de configurer et déployer des matrices RAID. Ce faisant, les coûts associés au déploiement d'une matrice RAID peuvent être considérablement réduits dans la mesure où l'acquisition de matériel RAID spécialisé et onéreux n' est pas nécessaire.

Souvent, la puissance CPU excédentaire disponible pour les calculs de parité de RAID logiciel dépasse largement la puissance de traitement existant sur la carte contrôleur RAID. Par conséquent, certaines implémentations de RAID logiciels disposent en fait, d'une capacité permettant des performances supérieures à celles des implémentations de RAID matériels.

Toutefois, RAID logiciel est soumis à certaines limitations qui n'apparaissent pas dans un RAID matériel. La plus importante à prendre en compte se situe au niveau de la prise en charge lors du démarrage à partir d'une matrice RAID de type logiciel. Dans la plupart des cas, seules des matrices RAID 1 peuvent être utilisées au démarrage car le BIOS de l'ordinateur ne reconnaît pas RAID. Étant donné qu'un disque unique d'une matrice RAID 1 ne peut être distingué d'un périphérique de démarrage autre que RAID, le BIOS peut engendrer le processus de démarrage sans problème ; le système d'exploitation peut alors passer à un fonctionnement RAID logiciel une fois qu'il s'est approprié le contrôle du système.

5.6.3. Gestionnaire de volumes logiques (LVM)

Parmi les autres technologies avancées de stockage figurent le gestionnaire de volumes logiques (ou LVM de l'anglais Logical Volume Management). Cette technologie permet de considérer les périphériques physiques de stockage de masse comme des éléments de base sur lesquels différentes configurations de stockage peuvent être construites. Les capacités exactes, qui varient selon l'implémentation spécifique, peuvent inclure le groupement physique du stockage, le redimensionnement de volumes logiques et la migration de données.

5.6.3.1. Groupement physique du stockage

Bien que cette capacité porte des noms différents, le groupement physique du stockage représente la base de toutes les implémentations de LVM. Comme son nom l'indique, les périphériques physiques de stockage de masse peuvent être groupés de manière à créer un ou plusieurs périphériques logiques de stockage. Les périphériques logiques de stockage (ou volumes logiques) peuvent avoir une capacité supérieure à celle de tout périphérique de stockage de masse sous-jacent.

Par exemple, avec deux disques de 100 Go, il est possible de créer un volume logique de 200 Go. Mais il est également possible de créer deux volumes logiques, un de 150 Go et un de 50 Go. En fait, toute combinaison de volumes logiques inférieure ou égale à la capacité totale (soit 200 Go dans notre exemple) est possible. Les choix possibles ne sont en fait limités que par les besoins de votre entreprise.

Un administrateur système peut ainsi considérer tout le stockage comme une entité globale dont il peut utiliser toute quantité souhaitée. En outre, des disques supplémentaires pouvant être ajoutés au stockage plus tard , il est relativement facile de toujours disposer d'une quantité de stockage supérieure à celle requise par les utilisateurs.

5.6.3.2. Redimensionnement de volumes logiques

Une des fonctions de LVM très appréciée par la plupart des administrateurs système est sa capacité à attribuer du stockage rapidement, là où il est nécessaire. Dans une configuration de système autre que LVM, lorsque la mémoire devient insuffisante — dans le meilleur cas de figure — il est nécessaire de transférer des fichiers du périphérique manquant de mémoire vers un autre périphérique disposant d'espace libre. Très souvent, il est nécessaire de changer la configuration elle-même des périphériques de stockage de masse de votre système ; une tâche qui devra avoir lieu après les heures de bureau normales.

Avec LVM cependant, il est possible d'augmenter facilement la taille d'un volume logique. Supposons pour un instant que notre groupement de stockage de 200 Go ait été utilisé pour créer un volume logique de 150 Go, laissant ainsi 50 Go en réserve. Dans le cas où le volume logique de 150 Go se remplirait à capacité, le LVM pourrait être utilisé pour agrandir sa taille (disons de 10 Go) sans pour ce faire, changer physiquement la configuration. Selon l'environnement du système d'exploitation, il sera peut-être possible d'effectuer cette opération de manière dynamique ; dans le cas contraire, une courte période d'indisponibilité sera peut être nécessaire afin de pouvoir effectuer le redimensionnement.

5.6.3.3. Migration de données

La plupart des administrateurs système chevronnés seront certes impressionnés par notre présentations de certaines des possibilités offertes par le LVM, mais ils se poseront également la question suivante :

Que se passera-t-il si les disques composant un volume logique tombent en panne ?

Heureusement, la plupart des implémentations du LVM offrent la possibilité de migrer des données d'un disque physique particulier vers un autre. Afin que cette opération puisse fonctionner, une capacité de réserve suffisante doit être disponible pour absorber la perte de capacité liée au disque défaillant. Une fois la migration terminée, le disque défaillant peut alors être remplacé, avant d'être rajouté au groupement de stockage disponible.

5.6.3.4. Pourquoi utiliser RAID avec le LVM ?

Étant donné que le LVM a des caractéristiques semblables à celles de RAID (comme la possibilité de remplacer des disques défaillants) et qu'il a certaines caractéristiques lui donnant des capacités que la plupart des implémentations de RAID ne peuvent égaler (comme la capacité à ajouter de manière dynamique, du stockage supplémentaire à un groupement central de stockage), nombreux sont ceux s'interrogeant sur l'importance actuelle de RAID.

En fait, cette interrogation n'a pas vraiment lieu d'être. RAID et le LVM sont en effet, des technologies complémentaires qui, utilisées de concert (de manière semblable aux niveaux RAID imbriqués), permettent de profiter des avantages offerts par les deux technologies.

Notes

[1]

Au tout début de la recherche sur RAID, l'acronyme correspondait à Redundant Array of Inexpensive Disks (Matrice de disques redondants bon marché), mais au fil des années, le prix des disques "standalone" (ou indépendants) que RAID avait pour vocation de remplacer a tellement baissé que la différence de prix est devenue insignifiante

[2]

Lorsque la matrice fonctionne et qu'un disque n'est pas disponible, la performance des E/S est réduite, en raison de la surcharge engendrée par la reconstruction des données manquantes.

[3]

Les calculs de parité engendrés par chaque activité d'écriture ont également un impact sur les opérations. Toutefois, selon l'implémentation particulière de RAID 5 (particulièrement l'endroit dans le système où les calculs de parité sont effectués), l'ampleur de cet impact peut être considérable ou presque inexistante.